EELV (Europe Écologie Les Verts) veut inciter les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales en vue des prochaines régionales. Pour les motiver, rien de mieux qu’une campagne de com agressive sur les réseaux sociaux. En ciblant les boomeurs aux côtés des fachos, des chasseurs, d’Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Gérald Darmanin et autres “réactionnaires” patentés, le résultat ne s’est pas fait attendre. Mais visiblement pas celui escompté par les Verts.
EELV : «Les boomers, eux, ont prévu d’aller voter»
Vendredi, Julien Bayou, secrétaire national du parti EELV et candidat à la présidence de la région Île-de-France dans le cadre des élections régionales de 2021, publie plusieurs visuels sur Twitter pour inciter les plus jeunes à aller voter et ne pas laisser le scrutin aux adversaires de l’écologie. Parmi ceux-ci, la photo de seniors qu’on imagine retraités, hilares sur une plage, accompagnée de la légende «Les boomers, eux, ont prévu d’aller voter». Comprenez “et pas pour les Verts ! Salauds de vieux qui se la coulent douce au soleil après avoir pris un avion qui pollue !”
Twitter, ton univers impitoyable
Pas de bol, Cécile Duflot se fait au même moment houspiller sur les réseaux sociaux pour être partie en vacances aux Maldives en 2010… Et pas à la voile.
Où sont les Boomeurs d’EELV ?
Nonobstant l’âge moyen des cadres les plus emblématiques d’EELV – Audrey Pulvar, 49 ans, Eric Piolle, 48 ans, Cécile Duflot, 46 ans, Denis Baupin, 58 ans, Dominique Voynet, 62 ans, Delphine Batho, 48 ans, Yannick Jadot, 53 ans, Barbara Pompili, 45 ans, Sergio Coronado, 50 ans, Emmanuelle Cosse, 46 ans, Jean-Vincent Placé, 53 ans, Eva Sas, 50 ans, Pierre Hurmic, 66 ans, Michele Rivasi, 68 ans, et honneur aux ancêtres Esther Benbassa, 71 ans, Noël Mamère, 72 ans, Daniel Cohn-Bendit, 76 ans, et Eva Joly, 77 ans – le jeunot Julien Bayou (40 ans, plus que 10 ans pour devenir un boomeur !) a sans aucun doute twitté plus vite que son ombre, oubliant au passage que la circonscription dont il vise la présidence compte pas moins d’un million et demi de boomeurs potentiels électeurs, sans doute ravis d’être désignés comme des pollueurs du corps électoral.
Si cette campagne aura atteint l’un de ses objectifs, faire parler des Verts, elle aura surtout suscité une avalanche de messages moqueurs ou outrés sur les réseaux sociaux. À l’image de celui de Carlos Moreno, scientifique franco-colombien connu pour ses travaux sur la ville durable et en pointe sur la lutte pour le climat.
L’occasion d’une explication de texte de Sergio Coronado, membre d’EELV et de FI, qui insiste sur la présence de guillemets dans son tweet explicatif (traduisez, je ne suis pas d’accord, mais c’est ce que pensent les jeunes). Coronado qui, au passage, n’approuve pas non plus cette campagne de com. Tout ça fait un peu désordre.
Où l’on apprend que les Boomeurs sont une “catégorie politique”
Contrairement à Claire Lejeune, la bien nommée co-secrétaire des Jeunes Écologistes, expliquant au sénateur socialiste Jérôme Guedj que les boomeurs sont une “catégorie politique”. Bah oui, à 50 ans et plus, c’est bien connu, rien à foutre de la planète, après nous le déluge et votons tous Dupont-Aignan.
Pour enfoncer définitivement le clou, c’est le correspondant en Allemagne du quotidien Le Monde qui fait un parallèle cruel entre la campagne victorieuse des écolos allemands, axée sur l’empathie et la solidarité entre générations, et celle stigmatisante d’EELV.
«Pas validé»
Julien Bayou aura beau jeu de reconnaître «une erreur», dimanche sur les réseaux sociaux. «Le visuel ‘boomers’ était maladroit et blessant. Nous l’avons immédiatement retiré», a-t-il indiqué, affirmant également qu’il ne «l’avait pas validé» mais qu’il en prenait pour autant «la responsabilité». Une campagne “non validée” mais visiblement approuvée au point de la relayer sans état d’âme sur ses comptes Twitter et Facebook. «Ma conception de l’écologie, c’est de rassembler l’ensemble des forces des générations pour répondre aux défis qui nous attendent», a précisé le candidat, se fendant au passage d’un hommage vibrant à ses aînés écologistes : «L’écologie n’en serait pas là sans les héros et les héroïnes ordinaires des générations qui ont pris avant tout le monde, et souvent sous les moqueries, le bâton de pèlerin pour cette marche de l’écologie». Bayou, lui, a préféré prendre le bâton pour se faire battre dans les urnes.
On connaissait l’expression “la droite la plus bête du monde”, c’est désormais “les Verts les plus bêtes du monde” qui est bien partie pour passer à la postérité.
Alain Granat
